LE PLUS BEAU METIER DU MONDE ?

Comme il est légitime de se demander quel est le plus beau métier du monde et qu'à un moment donné on l'a tous cherché je me suis posé comme vous la question ?

Loïc (Loss pour les intimes), mon collègue de boulot en avait rêvé tout petit et il l'est devenu ! En effet, depuis tout  jeune à la montagne lors de ses cours de Snowboard il avait rêvé de devenir un jour moniteur : Ce grand frère qui te conseille, te rassure, t'encourage et accessoirement t'en met plein la vue !

Mode lecteur on : « C'est un vrai métier ça prof de surf ? Les gars qui passent la journée à la plage les pieds dans le sable à regarder des personnes en vacances surfer et à partager avec eux quelques vagues ? » « Et ils sont payés pour faire ça ? »

Allez un peu de sérieux pour vous présenter cette profession qui consiste à enseigner la glisse sur les vagues et la board culture.

Effet de mode ou phénomène de société, une chose est sûre, plus il y a de monde à le pratiquer plus le surf s'encadre : Réglementation, enseignement, compétitions ? mais c’est encore un autre sujet.

Bref, juillet arrive et c'est avec le plus grand plaisir que l'on reçoit nos stagiaires. Comme on doit vraisemblablement bien faire notre boulot, bon nombre d'entre eux reviennent nous voir tous les ans, ça fait déjà plaisir !!! Quoi de mieux que de passer une semaine avec des élèves qui viennent pour s'amuser, se détendre et apprendre à surfer “just for the fun” comme dirait le sociologue Alain Loret (auteur de “génération glisse”). L'accueil dans les locaux fait vaguement penser à l'ambiance club de vacances avec les nouvelles têtes chaque semaine. Les monos blagueurs et bronzés face aux touristes en manque de soleil et de plage. Je vous l'accorde ça fait un peu caricature ! Suit la présentation du matériel avec le petit speech bien rodé pour mettre les combinaisons en moins de 10 minutes chrono (hé oui tout se déroule dans un temps imparti) et presque chaque semaine un stagiaire nous fait malgré les explications le coup du backzip devant, de la jambe dans la manche ou de la combinaison mise sur  l'envers ! ( on mettra ça sur le compte de l’émotion: “je vais enfin prendre ma première vague!”)

La tenue de travail du mono laisse rêveur : short et tongs pour le before et l'after surf, combi intégrale ou shorty suivant le temps, pieds nus dans le sable ,casquette lunettes de soleil crème solaire pour les cours. Ou parfois sweat capuche, ciré guy cotten sous les grains !

Comme la West Surf Association est un club-école à but non lucratif classé trois étoiles par la FFS, on dispose pour trois moniteurs d'un quiver d'à peu près 120 planches permettant de couvrir tous les niveaux et toutes les conditions, de locaux surdimensionnés avec un club house sympathique, ? A priori, on ne peut pas rêver mieux comme conditions de travail? Mais si vous prenez ma place, il vous faudra quand même choisir à chaque séance le matériel adapté à chaque élève, le sortir et le ranger à sa place, nettoyer les vestiaires, …  Tout cela vous donnera des inter-cours bien sportifs ! Et ensuite choisir le spot à chaque leçon de surf en fonction du public et parfois avec quelques incertitudes liées à des prévisions météos instables. Avec un minimum d'expérience on s'en sort toujours bien. Nos objectifs sont simples et se résument dans l'ordre : sécurité, plaisir, apprentissage technique. Si on en a les compétences, ça peut paraître finalement assez rudimentaire.

A partir de là, il n'y a plus qu'à ! Il n'y a plus qu'à enchaîner les séances et de ce point de vue là, on ne peut nier le côté parfois répétitif en saison estivale dû notamment au volume de cours d'initiation et de découverte. Et parfois c'est pas gagné d'avance ! D'un autre côté, certains élèves vous surprennent avec de relatives prouesses et vous laissent croire à un possible nouveau talent. Chaque élève a ses défauts, ses qualités, son style et sa petite histoire à raconter et c'est plutôt gratifiant en fin de stage de repenser au niveau de nos élèves lors de la 1ère séance. Mais pour y arrivez, vous répéterez quand même des centaines et des centaines de fois les mêmes choses chaque semaine jusqu'à en faire de petites extinctions de voix ! Et il vous faudra par tous les moyens pédagogiques remédier au maximum à tous les défauts techniques de vos élèves et les mettre dans les meilleures conditions de réussite possible.

En club, durant l'année scolaire c'est un peu différent. On souffre encore davantage des intempéries (mars et novembre sont parfois difficile en Bretagne) mais on voit évoluer nos élèves sur toute une année et on crée parfois davantage de liens avec eux. Les perspectives en terme de niveau sont également plus grandes et les vagues sont souvent bien meilleurs qu'en juillet-août.

Mais le grand dilemme quand vous êtes prof de surf et pas des moindre, c'est la frustration d'être devant ou dans les vagues sans pouvoir y évoluer à votre guise, alors que c'est une des choses que vous aimez faire le plus dans votre vie de tous les jours. Les jours petits c'est plutôt sympa de partager unes session équipés de grosses planches avec ses élèves. Mais quand ça commence à être vraiment intéressant et que vous êtes avec une planche paquebot pour des vagues au bord à regarder les freesurfeurs se gaver un peu plus loin, ou que la session épique se déroule sous vos yeux, ou lorsque le vent tourne moisi juste après le boulot pour votre timing freesurf, ça devient plus dur à encaisser moralement?  C'est presque de la torture !

Je vous épargne les montées de dunes journalières, les long piétinements dans le sable à observer les élèves, le froid parfois, la fatigue due aux intempéries car quand vous passez 6 heures par jour au soleil ou sous la pluie, le nez et les oreilles en plein vent, je vous assure que vous n'avez pas de mal à vous endormir le soir ! Mais vu l’environnement magnifique dans lequel on travaille, quelle que soit la fatigue y’a vraiment pas de quoi pleurer !

Et quand on a goûté  à ce genre de travail ça doit probablementpas être facile non plus d'enfiler un costard cravate et de rester assis sur une chaise dans un bureau climatisé à vouvoyer un supérieur. Je deviendrais vite électrique? Une chose est sûre, le côté relationnel de ce métier est vraiment plaisant et prof de surf c'est un beau métier de jeunesse. Alors en attendant la suite pourvu que ça glisse !

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *

4 × three =