Tintin “Paxti” Voisin est un local guidélois exilé au Pays Basque depuis quelques années. Il a bien choisi son week-end pour revenir faire un tour à la maison ! En mode late sur cette vague où sa planche finira malheureusement en deux … Merci Le Pape pour cette petite pause Pascal ! Et de une vague à deux …
Ça paraît totalement grégaire vu de l’extérieur mais pour tout surfeur expérimenté ça tombe sous le sens. Quand vous vous pointez aux Berniques en la présence de Yann « Bobnick » Laudrin, notre « vieux » local de 54 ans, vous ne vous mettez pas à sa droite et vous attendez votre tour en tapant la causette. Si vous avez très faim ou que vous êtes pressé, vous attendez comme les plus jeunes à l’inside pour consommer un maximum de bouts et améliorer vos tricks. Si vous voulez la bombe, il va falloir attendre comme à la boucherie. Si c’est samedi ou dimanche matin, alors pas de bol ! Ticket n° ?
Tour de chauffe le week-end précédent pour de (trop?) nombreux visiteurs. Conditions velues mais loin d’être parfaites.
La fréquence de pratique sur un même spot, l’ancienneté sur ce même spot et, en partie, votre niveau vous donne un certain ordre de passage informel lorsque le peak est clairement défini. En général, si ça tourne bien l’ambiance est au beau fixe et chacun trouve sa place. Même assez nombreux on peut alors passer un très bon moment ! Mais, de temps en temps, un écart de comportement d’un gus qui revient un peu trop vite à l’intérieur peu semer le trouble au line-up. Cela peut alors se transformer en un véritable champ de bataille ouvert à l’opportunisme et au culot mais aussi (très rarement) à de vilaines empoignades.
So clean ! … but so crowded… une petite trentaine de gars tout de même à l’heure de pointe.
Heureusement, Guidel c’est un peu le pays des Bisounours ! En effet, nous ne sommes « envahis » que très occasionnellement, c’est-à-dire quand la droite des Kaolins marche et que les prévisions permettent de le voir comme le nez au milieu de la figure. Les Guidélois prennent alors le parti d’être accueillant même pour des hordes de bodyboarders nord-finistériens débarqués en minibus. Certes avec quelques regrets tout de même et une certaine aigreur… Cette pointe d’ironie n’est pas sans rappeler la dangerosité de cette vague qui peut faire mal. Cela fait référence à une notion essentielle en surf : l’humilité. Et quand j’y repense, voir tous ces gars, ou plutôt presque tous, dont l’engagement allongé sur cette vague est tout relatif, se manger le drop ou la section ne laissant pas d’autres choix que d’attendre que ça se passe, ça désespère… Le père Phil Le Léannec a d’ailleurs fini par braquer en toute légitimité certains « petits mal élevés » ? Pas un « Bonjour » pour le tiers des présents à l’eau, inside automatique pour 8 gars sur 10, et souvent pas les meilleurs riders, qui, quant à eux, (Mamaz, Alan ou Davo) prendront allongés celles que l’on refuse debout? ! Pour clore le spectacle, lors du lundi de Pâques, deux jours après la fiesta du deuxième samedi épique, deux minibus du Sud-Ouest sur le retour de l’étape brestoise de la coupe de France de bodyboard, se sont arrêtés le temps d’une après-midi et d’une petite mise à l’eau tant les photos du samedi les avaient faits rêver. « Bad time, right place ! » pourrait-on dire ! Quand on voyage, ne serait-ce qu’un peu, on apprend vite que ce genre de choses est à éviter même chez les « ploucs du Far West » ! Et malheureusement, il n’y a souvent que les intimidations qui calment les parvenus ? Être trop gentil ça ne récompense pas toujours. Triste réalité ?
Au bowl des locaux de La Santa à Lanzarote comme sur d’autres spots bien gardés des Canaries – dixit Phil Le Léannec -, ne pensez même pas mettre un pied dans l’eau sous peine de vous faire sortir manu militari. Plus proche de nous, c’est aussi vrai sur quelques spots finistériens. Je me souviens, par exemple, de cette session avortée lors d’une de nos nombreuses vadrouilles brestoises avec Dom Gajan. C’était il y a une quinzaine d’années sur une vague de repli peu connue de la presqu’île de Crozon. Nous n’avions pas pris une vague sur ce spot facile mais à la zone de take-off très très étroite. Les sets étaient bien espacés et deux spécimens était systématiquement sur le caillou. Et il ne nous donnait pas trop envie d’essayer ? Comme on n’allait pas non plus racler les moules pour en prendre une, on a finalement tracé la route sur un autre break ?
“Youpie trop cool tu me la laisses ?!”
Allez encore une petite pour la route … En même temps à deux par vague y’en aura pour tout le monde !
D’autres destinations bretonnes sont bien plus accueillantes ! Je me rappelle par exemple de ce débarquement finistérien filmé au Cap Fréhel (désormais mondialement connu sur la toile) et posté sur un réseau social bien connu dès le lendemain. Et ce, sans une vague d’un local ou un mot en guise de remerciement. Une mission pas des plus inaperçue et quelque peu hégémonique ? Un ancien du Cap F. et ami a eu le sentiment d’assister à une vaste mascarade organisée. De mon point de vue en tout cas, c’est une façon de faire parmi d’autres mais pas la plus élégante ! Alors peut-on dire qu’ils sont là-bas comme chez nous Guidélois, bien gentils et accueillants ?! Tout dépend sans doute du type de visiteurs. En effet, il y a une dizaine d’années, de vives tensions agitaient le secteur entre 22 et 35. Et sur la route du CF, on peut encore lire un tag rebelle d’époque « locals only ». Chaud ! Plus à l’ouest sur la côte nord, ce fût parfois polémique entre 22 de Perros et 29 de Locquirec mais rien de bien grave finalement ? Sinon c’est toujours plus relax de se faire des petits rendez-vous détendus en semaine à deux ou trois riders. C’est aussi pourquoi je ne bouge que très rarement sur les week-ends. Autant laisser les actifs et autres groms profiter de leur samedi-dimanche entre locaux. Y’a déjà assez de monde comme ça dans les quartiers. Il ne me reste qu’un seul conseil à vous donner : ne débarquez pas sur une pointe ou un peak calé à 8 ou 10 c’est juste vilain. En groupe optez pour un Goulien magique, Un « Peinard » Malo du côté de Guidel, Tréguennec ou Plovan chez les Bigoudens ou la Baie des Trépassés dans le brouillard au mois de Janvier !
Personne à l’intérieur sur celle là ? Faut juste vouloir finir coller au fond…
Et finalement cela semble être la logique à peu près partout dans le monde même si les nouveaux venus voient ça comme une forme d’appropriation injustifiée d’un territoire. Pourtant, bien souvent ce localisme, lorsqu’il reste pacifique, régule la pratique et permet à chacun de s’exprimer à son niveau. Dans tous les endroits où les locaux sont habitués à recevoir, le comité d’accueil est de rigueur et suivant les circonstances et la fréquentation du spot, il faut parfois attendre longtemps avant d’en toucher une belle ? A Bali, sur Bingin ou Padang, quand les locaux sont là, ils ne vous laissent que les miettes à coup sûr sans la moindre compassion.
C’est un sujet difficile et délicat qui prête à controverse que j’ai choisi de traiter dans cet article. Mon but n’est pas de réveiller de vieilles querelles mais plutôt de vous faire partager quelques « anecdotes bretonnes » et de sensibiliser les plus novices d’entre vous aux notions qui peuvent vous sembler antinomiques telles que partage des vagues et appropriation d’un territoire. Notion avec lesquelles il vous faudra assez vite composer à l’eau !
Et à Guidel, y’a du monde mais c’est plutôt peinard. Pourvu que ça dure !
Phil “Le Père” Le Leannec dans ses oeuvres, doyen du spot. Avec ce monde, il aura mis du temps à en trouver deux trois bonnes, mais il sort toujours du barrel avec le smile !
Le nom de Phil revient souvent dans mon article parce qu’au-delà de l’amitié, la notion de respect des plus âgés qui vous ont ouvert la voie est à mon sens essentielle. Ce n’est pas qu’une question de niveau technique mais aussi d’engagement dans la pratique au fil du temps et d’une certaine idée de l’ambiance et du respect à l’eau. Cacedédi le Père Léannec !
Crédit photos : Thanks to Fab “Crousti Ouioui” Le Bigot de Cornflex.fr