CARNETS DE TRAINING

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GetAttachment.aspx4Il fût un temps où je notais toutes mes sessions dans un petit carnet afin d’évaluer  et de gérer mon volume de pratique dans une période où j’étais étudiant STAPS et donc toujours à la limite de la rupture de fatigue et du surentraînement.  Après un bon swell d’une petite semaine c’est encore souvent une bonne vingtaine d’heures de surf dans les pattes ou plutôt dans les bras que mon corps doit encaisser.  Stretching, préparation physique adaptée, sommeil et alimentation équilibrée sont les seuls moyens efficaces pour récupérer d’une telle fatigue : les multiples courbatures, les sinus noyés de flotte, la peau brûlée, les yeux rougis par le soleil et les embruns, bref vous êtes à bout de force mais rasasié !
Ces petites notes, c’était aussi l’occasion d’observer la fréquence des houles et de garder soigneusement quelques données concernant quelques spots qui marchent trop peu souvent et plus ou moins secrets comme on dit ! Réinvestir ces archives aujourd’hui  me rappelle bien des souvenirs. Et en particulier mes années brestoises, puisque la période observée dans le tableau ci-dessous correspond à une partie de cette époque et notamment aux (trop) nombreuses sessions  pourries du Minou (spot qui se révèle parfois magique). En effet, entre midi et deux ou avant la nuit c’était souvent la seule option.  Je me remémore très bien également les enchaînements de sessions parfaites à Déo ou moins souvent de Dal en compagnie de Dom, Remito, Greg Salaün, les frères Waeles, Kristen, Mombz, Bob et bien d’autres collègues de surf, ainsi que le parking de Porsmilin toujours plus bondés de gars que  le peak (c’est dire  si c’est incroyable !)  et bien sûr les virées en presqu’île de Crozon et côte nord. Pour la blague, cela me rappelle aussi les arrivées à Brest le dimanche soir sous la pluie et les retours du vendredi en Bretagne sud sous le soleil …!
Toujours est-il que si l’on regarde les chiffres ci-dessous on peut se dire que l’on surfe souvent en Bretagne mais pas souvent de la taille, d’autant que mes stats comprenaient également quelques trips sud-ouest, maroc ou autre qui font varier la moyenne de la taille des vagues …  Ce qui me frappe le plus dans ces stats ,ce sont les pourcentages presque identiques que l’on pourrait calculer année après année par “taille de vagues”.  Dites moi, y’a combien de swells dans une année !?
De plus, je n’ai pas pris le temps de mettre en chiffres la qualité de toutes ses sessions moisies, moyennes, magiques ou improbables  … Ni la durée de celles ci et certaines ont traîné et traînent toujours en longueur !!!
Je vous le dit tout de suite je me suis lassé de noter et puis comme dit mon pote Rémito “le surf c’est pas fait pour réfléchir !”
Allez à vos carnets !

                   1-3ft          3-4ft          4-5ft          6-8ft          total sessions

2000          118           61             51              5               235

2001          127           54             43              10             234

2002          105           69             75              18             267

2003          116           76             82              12             286

kao noël

L’APPETIT VIENT EN MANGEANT …

La droite des Kaos ( ou KOs) fonctionne trop peu souvent mais quand la belle se remet à marcher elle vous garantit de rentrer à la maison avec un bon lot d’images et de sensations gravées en mémoire. La grosse marche au take off dans le premier bowl puis le deuxième où on cherche à se caler  parfois dans le tube…
Une chose est sûre, se faire balancer ou écraser en bas de vague par le lip bien épais ouvre l’appétit tant que l’on s’en sort indemne… La vision de souffles puissants et les hurlements de la horde, les air drops et les tubes des uns et des autres présents pour célébrer  le réveil de ce spot world class sont autant de moments inoubliables. Et quand ça vous arrive, une bonne boîte, y’a pas à dire ça vous remet les idées en place. La séquence ci-dessous date de mon avant dernière session sur le spot. Parti un peu late, je n’ai pas eu le temps de prendre suffisamment de vitesse à la rame pour être dans le bon timing de la vague et quand j’ai voulu accrocher le rail dans la paroi pour attraper le tube, c’était trop tard …  Une fois en bas, à peine le temps de corriger ma trajectoire que je me suis fait proprement corriger sans demander mon reste. Je me suis fait littéralement digérer par la washing machine ! Après ce air drop, et un petit tour de machine à laver plus tard, je me suis fait plaquer sur le dos à même la dalle de roche pour n’en  redécoller que quelques secondes après.  Une bonne frayeur quand on sait que le spot a déjà quelques fractures à son actif et que ce jour là, avec le petit coefficient de marée y’avait pas beaucoup d’eau…
Un mois plus tôt et malgré le vent on shore modéré on s’est retrouvé à 5 locaux avec Erwan “kiki “Simon, Steph “le basque” Ibarboure, Phil Le Leannec, et Vincent “cucu” Primel et moi-même pour une session tout aussi chargée en ardénaline et bien moins engageante au vu du plan d’eau … (voir photos de B.Merle dans mon article Winter time) 
Vous savez ce genre de jour où finalement c’est soit 50cm avec 100 gugus à “Kercentre “(copyright PL!) ou une bonne barre pourrie au Fort Bloqué … Ce jour là  avec un vent medium pas trop fort et une marée bien haute, les Kaos proposait une option intéressante. Mais de grosses séries sont venus balayer le line up et je me suis fait piéger. Phil et Erwan ont passé cette vague de justesse une petite dizaine de mètre devant moi. Juste le temps de prendre ma respiration pour un canard lâché concentré décontracté. Bim boum, un impact de la board puis de la dalle, le temps qui vous semble bien long et la sortie à bout de souffle pour une deuxième  vague sous l’eau 30 mètres plus bas que le peak. Le genre de session où on prend pas forcément beaucoup de vagues, genre 5  à10 vagues maximum, mais qui vous apportent beaucoup en sensations et en expérience.
En attendant la prochaine bonne session sur le spot que l’on attendra peut-être longtemps il nous reste les souvenirs pour en saliver d’avance … !
(quelques autres photos des KOs dans mon album “kaolins”)
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WINTER TIME !

Lors de ma Maîtrise universitaire mon mémoire de Sociologie portait sur l’étude d’ un concept  théorique  que j’ai élaboré au fil de mes sessions aux quatres coins de la région et que j’ai nommé  “Surf Itinérant Stratégique en Bretagne” .  Cette recherche du “right time right place” et de la découverte de nouveaux spots était notre pain quotidien. En bande de surfeurs étudiants basés à Brest au début des années 2000 (avant même  l’époque du tout  internet), on chassait quotidiennement  les meilleures vagues quitte à faire des bornes. Et on s’est pris parfois quelques bons vents, mais on a aussi surfer quelques perles … !
Avec tout de même un peu moins d’insouciance et de temps disponible, rationnaliser l’aléatoire  des prévisions pour scorer reste toujours ma devise … L’hiver est bien là, les journées se raccourcissent, l’eau commence à piquer nos extrémités,  les houles sont de plus en plus massives et fréquentes et le vent est parfois violent … On profite donc de ces conditions pour redécouvrir nos spots de replis de prédilection. Le C.. F….., les quelques fameux pointbreaks de la région d’Audierne et de la baie de Douarnenez, Locqui,… Et pas loin de la maison le classique Toulhars “crowded” et le Peak qui pue de la rade de Lorient ou encore la world class droite des Kaos qui se réveille trop peu souvent, …               Air backside no grab sur le beachbreak de Kercentreville (copyright PL!)

              Bottom full speed pour attaquer le mur devant la pointe du “qui pue”

               Mise à l’eau aux Kaos un jour bien sombre

 

               Une grosse droite onshore vraiment pas facile à surfer !

             Petit bottom pris par Benoît avant l’averse, pas facile de faire de la photo dans ces conditions !
                

SURFING WAY OF LIFE

Une des grosses chances du surf c’est d’être un sport qui se pratique dans milieu incertain, naturel et non standardisé où les conditions évoluent au gré des vents, des
marées, des courants et bien entendu variant d’autant plus selon la taille, la fréquence et l’orientation de la houle. Sans vouloir enfoncer des portes ouvertes, la vague est un élément en
perpétuel mouvement, aux formes diverses et variées, aux couleurs et aux textures toutes aussi singulières changeant suivant le temps, la lumière, les saisons, le décor … tantôt accueillantes,
tantôt austères, là violentes, ici petites, molles, grosses, grasses, fracassantes, reformantes, épaisses, tendues, dégueulantes, clapoteuses, lisses, énormes, lentes, rapides, kilométriques,
shore break, insurfables … Autant d’adjectifs qui en disent long sur notre capacité à disserter et divaguer le soir venu. Cet éventail de conditions favorise la recherche de nouveaux espaces, de
nouvelles vagues dans des ambiances et paysages tous aussi singuliers. Sable blanc et fin, sable jaune épais, galets, granit rose, roches plates, lisses ou acérées, eau saumâtre ou translucide, …
embouchures, pointes, plages, criques, baies sont autant d’espaces de jeux pour qui aime varier les plaisirs. La vue bien sûr mais les odeurs aussi : celle du varech (algues), l’air marin,
la salinité de l’eau. Mais aussi le bruit : le fracas des vagues, le vent … Et comme le dit si bien Michel Noirit (pionnier du surf breton), « le surf c’est la plénitude des sens »
car c’est bien cet ensemble sensitif qui façonne le goût des choses. Dès lors à chacun ses goûts et à chacun ses spots réguliers … On s’habitue et on s’attache tous un peu à son chez soi et
à ses locals spots. La petite mise à l’eau qui va bien, l’ambiance avec les potes de surf … Et on est plus ou moins nomades.

Une chose est sûre, le surf créé un lien évident à l’environnement naturel et à l’océan. Ainsi, le plaisir d’être dans un
endroit beau ne laisse pas indifférent au delà du plaisir hédoniste de la glisse. Le surfeur est imprégné de nature, immergé dans l’océan on ne peut pas plus et il n’y a pas que le fait de surfer
sur une vague mais aussi toute la scène qui importe : se sentir bien dans un cadre, dans un décor avec certaines personnes, d’avoir certaines lumières sur des paysages tous uniques et se
balader sur des territoires sauvages et préservés. Tout cela permettant « une fuite concrète de l’espace quotidien, identifié symboliquement aux contraintes de la vie professionnelle et
souvent urbaine. » (encyclopédie de la sociologie). Le surf s’inscrit en effet dans cette recherche de liberté et d’évasion.

Mais ce retour à la nature dans des sites souvent idylliques n’est pas toujours possible. Le surf en ville c’est un tout petit
peu différent mais entre midi et deux on se contente parfois de bien peu ! une vague pourrie dans un décor pourri et une eau crade …(y’a des degrés dans la cradeur, quand vous avez surfer
Cachton au Maroc ou le célèbre Furoncle d’Anglet plus rien ne peut vous arriver !!!) Certains spots sont en effet au cœur des maux de notre civilisation : pression foncière littorale et
constructions galopantes, pollution visuelle et bactériologique, … bref vivement les vacances et un surf trip sur des îles préservées …!

Quoique, le bon vieux front de mer contente parfois : la côte et la grande de Biarritz ou de Quiberon, Anglet-les-Digues,
le casino de Pontaillac à Royan, le prévent de Capbretong, Hendaye de Biskaii, Le remblais de St Gilles et Tanchet-Les Sables en Vendée, Toulhars Kercentre ville en rade de Lorient, Porsmilin
alias Port Michel et le Trez sur Brest : autant d’exemples de spots souvent gavé de monde et où ça fait le show, ça check et ça raconte les bonnes vieilles histoires du cru  … Un bon
petit côté convivial et sympa tout de même, d’autant qu’en hiver quand ça caille et que les houles sont hachées menues c’est souvent là que ça reste jouable près des grands centres urbains avec
un bon accès parking pour une « sess express en deux deux ». On est là bien loin d’une promenade dans une forêt de pins ou dans la lande de la Presqu’île de Crozon,  où un tout
autre contexte s’offre à nous : moins pressés, moins stressés, on profite du calme de cette nature et on regarde les vagues déroulées avant de s’y jeter. Deux approches antinomiques mais pas
incompatibles pour une même pratique. Cela dépend aussi du temps qui vous est  disponible …

Le point commun de toutes ces sessions vécues et de toutes ces attitudes tient dans cette dévorante passion qui prend racine
dans l’émotion que procure les sensations de glisse et cette « obsession n’a d’égal que la passion » (P.Lacombe)

Au delà, il existe mille et une façon de concevoir le surf et de le pratiquer, et par conséquent de choisir la vie qui peut
vous convenir … pour une pratique plus ou moins ancrée ou plus ou moins itinérante. Mais quoi qu’il en soit, la quête des vagues propose à chacun d’entre nous un chemin de vie empreint d’une
certaine religiosité naturelle qui donne à l’être une sensation de bien-être, de légèreté et de liberté. Le surfeur s’évade ainsi à chaque sortie de l’espace-temps normatif de notre société et
met entre parenthèses le temps d’une session de surf ses attributions socioprofessionnelles contraignantes.

A travers cet article je voulais vous faire part d’un point de vue sur la magie de notre pratique et de la surfing life
dépendance qui en découle…!

Dan BILLON

 

RIDERS MATCH

Après m’avoir filmé quelques sessions, Emeric KERLO (issu de l’école du cinéma de Rennes et actuellement à New-york pour une année Erasmus) m’a réalisé un petit montage express avant de sauter dans l’avion pour NY city !

  Ci-dessous ma petite vidéo part : 

Dan Billon from Emeric on Vimeo.

DIAPORAMA GROSSA MAMA

Je travaille régulièrement avec mon ami photographe professionnel de surf et d’architecture Kristen PELOU (www.kristenpelou.com) Nous avons collaboré
notamment pour la réalisation de pubs pour la marque de combinaisons RHINO et on réalise régulièrement quelques reportages qui nous tiennent à coeur. Comme moi, Kristen a beaucoup vadrouillé pour
surfer mais aussi photographier tous les coins et recoins de notre bonne vieille Bretagne. Ces derniers mois et dans l’hiver qui arrive nous recherchons notamment à illustrer  notre “vraie”
vie de surfeurs, ce qui nous plaît vraiment dans cette pratique sportive, la glisse, le fun, mais aussi l’authenticité dans la pratique et la découverte d’horizons pas inconnus mais bien souvent
ignorés ou simplement survolés.

Ci dessous un aperçu d’un reportage réalisé sur la plus petite des îles canariennes.
Bon voyage !

Surfing – Canary Islands – Images by Kristen Pelou