Les années passent et c’est aujourd’hui mon fils d’à peine 3 ans qui me réclame régulièrement de descendre au Skatepark pour se mettre de grosses sensations ! « Je mets mes baket pour aller faire du kate !» Hé oui comme d’autres il est tombé dedans…
Kristen débute le Skate sur la mini de Guidel-plages pour son plus grand plaisir et celui du papa !
Début des années 90’s, mon frère Mathieu, de 2 ans mon cadet, se passionna le premier pour le skateboard en compagnie de nos voisins d’enfance Mat « La guim » Guilbodeau, aujourd’hui boss de Kameha Surf Shop à Lorient, Ronan « nounours » Olivin, ancien gérant du célèbre bar de surfeurs « La Tortue » près du spot et de quelques autres copains de notre rue.
Photo vintage, sK8 or die au début des 90’s sur le
park à bout de souffle de Guidel Centre
On usa les trottoirs de notre lotissement puis les spots de toute la région de Lorient. On est en 1990 et j’ai 12 ans. Board Powell Caballero ou Sims, truck Gullwing, pompes Etnies, Airwalk et Vision Street Wear, mythique ! A donf dans le skate, je me passe en boucle dès sa sortie la vidéo Plan B « The questionable Vidéo » avec entre autres Danny Way
et Colin McKay ( les deux à l’origine de DC shoes) mais aussi Rodney Mullen, Sean Sheffey, et j’en passe … J’aime avant tout le côté liberté et rebelle du skate mais aussi l’aspect plus technique et esthétique, le speed et l’élégance du ride. On découvre la courbe sur les modules de la commune de Guidel qui finiront brûlés puis sur la mini de Bono d’Action Line construite avec Juanito (aujourd’hui le shaper de la pointe de La Torche) en mode « made in garage » mais plutôt pas mal ! Le premier vrai Skatepark que l’on rida fût celui de Douarnenez et de son crew tout aussi radical que dynamique. Des modules The Edge (le must en park de skate) avec une belle table, un hip, un wall et une belle mini, … 15 ans plus tard, je suis heureux d’avoir œuvré avec toute l’équipe du club pour que la mairie de Guidel investisse dans une belle mini rampe The Edge et on espère que le futur déplacement de la galerie marchande sera au moins l’occasion d’améliorer encore le park avec pourquoi pas de jolis bowls en béton type Le Prado de Marseille !
Donc, fini pour moi les entraînements à heures fixes des sports traditionnels, bonjour l’overdose de skate. J’ai usé la passion jusqu’à la corde durant cette période oubliant
souvent les devoirs, et à tel point que le ras le bol des bleus et des foulures me tourna vers les vagues toutes proches de la maison même si c’est aussi le manque de mobilier urbain et de parks digne de ce nom qui me jeta dans une certaine lassitude du skate. Béton pourri, manque de marches et de jolis handrails, peu de courbes, …
Transfert et Wallride sur le petit park de Décat à Lorient toujours pour occuper le flat
La transition se fit aussi en Skimboard avec les potes tous les étés et j’avais déjà 16 ans quand je pris ma première vague et que Slater remportait son deuxième titre de Champion du Monde ! Mes premières images de surf en 1994 : Les reports de Tf1 sur le Rip Curl Pro d’Hossegor avec la finale Flavio Padaratz -Slater et la belle perf de vetea “Poto” David dans des vagues velues et de l’étape de Biarritz avec Ricardo Tatui en vainqueur dans 30 cm à la Grande.
Là encore mon frère me devance toujours en compagnie de Mat Guilbodeau et Ronan « Nounours » Olivin auteur de la dernière session test de tow-in sur le spot des Courégants (le 20/11/2011). Ces deux là étaient « membres » du premier groupe de body de la côte guidéloise avec Didouille, Hervé Flégeau (shaper de Air Surfboards et aujourd’hui Kneeboardeur de la côte nord), Arnaud Le Bouter, Olivier Bretin, Guillaume Cardiet, Nicolas Secq et bien d’autres. Parallèlement, j’ai beaucoup appris aux côtés de la tripotée de champions de surf du coin, Nicolas Floch, Bruno Bonnafons, Dom Gajan, et autres locals boys, Gurvan Tymen, Phil Le Léannec sans oublier son frère premier photographe de surf breton Fred (toujours très bon dans les récits et le développement d’idées !), Pef Conan, Erwan Bourdeaux, Fred « babiche » Bahuon (aujourd’hui prof de surf installé en Martinique mais qui n’oublie jamais de repasser par la maison), Juanito (de mémoire le premier à s’attaquer à la vague du Zob aujourd’hui très prisée des bodys ; je me souviens aussi de sa première board jaune 6’6 gunny pour partir en trip shapée dans l’atelier de Bono (Action Line) et j’en oublie bien sûr. Tous ces gars sont les surfeurs référence de l’époque qui m’ont inspiré à mes débuts ; c’était les Kings de la côte ! Dans une ambiance toujours un peu déjantée et bon enfant, compétitive mais conviviale on se retrouvait tellement peu nombreux pour de bonnes sessions qui laissaient place le soir venu à des remakes de comptoir mémorables ! Avec ma bande de joyeux potes, Gwenn, cédric « Wallax » LeComte du crew « On vas’marrer », David, Khalif et Guillaume chez qui on squattait une vieille grange baptisée « le Local » à Villeneuve Trolloch derrière Le Maéva, où l’on a vécu quelques soirées et retour de sessions sans nom ! De quoi dormir pour être les premiers à l’eau, un camping gaz pour se faire à manger, un racks pour laisser les boards et venir sur la côte en vélo sans board sous le bras.
A priori je n’étais pas fan du surf parce que je ne connaissais pas cette activité et j’en avais donc une image fausse ou biaisée. La méconnaissance vous mène toujours à des idées préconçues fausses ou biaisées.
Et c’est aussi grâce à ces amis de toujours que j’ai chambré trop longtemps au bahut parce qu’ils faisaient du surf, Gwenn et David que je découvre la glisse aquatique puis le pays basque. Y’a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis ! Alors vint ma première vague sur la Bic Natural surf 7’9’’ de Gwenn lors d’un trip camping à kerhilio (Erdeven-56) et ma deuxième à la maison sur la 6’3’’ Action Line de mon frère que je ne tardai pas à lui racheter. Le virus était passé… !
Gwenn adepte du bon surf, ici à Raglan en NZ lors d’un de ces nombreux trips. Merci pour ma première vague !
Parrallèlement je me remets progressivement au skate les jours sans vagues sur la micro récupéré que l’on installera dans le bois des parents de Marc et puis sur Brest avec quelques spots de Street en ville, les sessions au park Roller Music ou sur la mini de plougastel.
La micro du jardin de Marc avec Cédric “Wallax” sur la droite en dégaine seventies !
Nose slide et marches au Quartz de Brest sur le retour de la Fac (1998)
S’enchaînèrent les sessions à rallonge jusqu’à la nuit et matinales au lever du soleil pendant toutes les journées disponibles de mes années lycées. Puis vint le choix des études. Eco à Vannes ou Staps à Brest ? Où se trouvent les meilleures vagues ? Sur ce sujet, c’est Dom Gajan qui me montra le chemin et de nombreux Lorientais nous suivirent dans cette voie. Brest était la plateforme idéale pour cruiser sur le littoral nord très bon en hiver et s’échapper sur la presqu’île de Crozon ou surfer entre deux cours sur les quelques bons spots de la métropole brestoise.
Rémy Bahuon, Vincent Primel, Anne-Cécile Le Tallec pour les plus connus emboîtèrent donc le pas. C’est d’abord la période de ma coloc avec Dom et Cédric « Wallax ». Gurvan Tymen et son pote Gagar squattèrent quelques mois à l’appart le temps de réaliser le tout premier site internet de Kanabeach. Et ça ridait au taquet ! C’est aussi l’époque de mes
rencontres successives avec les stars brestoises de l’époque : Greg Salaün, Phil Mombet, les frères Waeles Mat et Ben (pervert et boga sur le forum Bzhécume !) au contact desquels j’ai beaucoup appris sur le surf, le matos et la technique. Puis celle de Gaël Blouët, cousin éloigné du Porzay au fond de la baie de Douarnenez, shapeur de Blow surfboards qui me fera de bonnes planches pendant 5 ans et aujourd’hui shapeur pour Al Merrick à Hossegor. J’ai de nombreuses sessions mémorables avec Dom et tous ces autres surfeurs en presqu’île de Crozon mais aussi sur Le Minou, Déolen, Porsmilin ou le Trez-Hir, au Gouérou ou en côte nord, à Locquirec et un peu partout ailleurs…
Déolen en 1999 je crois (photo argentique by K2000 Pelou himself !), plus souvent une gauche mais …!
Le retour à ma base de départ pour retrouver le soleil de Bretagne sud (hahaha) se fera progressivement et c’est une période nouvelle qui s’est ouverte pour moi en tant qu’acteur de la West Surf
Association et par la suite prof de skate et de surf. Quelques années de pion dans un lycée pro à l’internat m’ont permis d’assouvir ma passion et ma soif de vagues ! Je peux aussi remercier Kanabeach qui m’aida pendant de nombreuses années comme la plupart des bons surfeurs bretons de l’époque avant que je ne fasse le choix de les quitter. C’est aussi grâce à Claire, passionnée de voyage que j’ai continué à explorer de nouvelles vagues un peu partout.
J’ai également passé de nombreux séjours au Maroc sur les célèbres droites ! Mes meilleurs souvenirs de surf remontent à 2003 avec Fred « Frisette » Noireaux lors de 3 semaines de bombardement de houle à Taghazout que l’on partagea avec le crew de La Torche dont Thomas Joncour, Seb Le Berre, Francis Chaleat, Gauthier Hamon parti trop tôt dont la gentillesse, la bonne humeur et l’engagement à l’eau me laissera pour toujours un très bon souvenir. Cette année là, on surfait encore relativement peinard au bled… ! Peu de locaux et tous décontract et peu de surf camp de tous horizons. J’ai le souvenir d’un autre très bon trip bien garni en sessions en 2005 partagé avec les bons surfeurs et potes Greg Closier, Franck Haroche et Gaël Blouët. Dans mon top 3 également, un trip itinérant d’une bonne quinzaine avec mon compère Kristen Pelou, la bande de Wavetrotter et la rencontre d’Abdel El Harim et de Ramzi Boukhian encore minot. Grosse diversité de spots et nombreuses rencontres au programme.
Ambiance remember pour une de mes nombreuses sessions marocaines avec de longs murs parfaits au début des 2000’s ; photo prise par Roland Wimbush, un très cool australo rencontré sur le trip qui vit désormais dans les landes
En Bretagne, je continue de vivre ponctuellement, l’hiver et en fonction de mes disponibilités, au travers du concept d’itinérance stratégique que j’avais élaboré et étudié en Sociologie à la Fac. Aujourd’hui l’ère de la vague surconsommée et surpeuplée s’est ouverte et il va falloir une fois de plus s’adapter à cette évolution. A ceux qui pourraient reprocher aux structures écoles privées ou clubs, aux magazines et au surf compagnies de développer l’activité, je dirais qu’il faut essayer de communiquer et d’éduquer un maximum à la sécurité, aux règles de priorité et de convivialité, à la connaissance du matériel et la culture surf. Car quoi qu’il en soit, le surf déchaîne les passions chez de plus en plus de gens, jeunes et moins jeunes, qui comme nous autre surfeurs sont fasciné par la vague, la mer, les sensations de glisse et le bien-être dégagé par la pratique de cette activité ainsi que par le mode de vie qui en découle. Après, à vous de surfer malin pour surfer tranquille, jouer low profile et respect au peak sans pour autant se laisser marcher dessus par les autres surfeurs à l’eau à partir du moment où vous respectez les règles de sécurité, de priorité et de convivialité.