SURF JUDGES FEELING

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  Juges des championnats de Bretagne 2010               Action Championnats de France 2008 Guadeloupe

Quel que soit le niveau de compétition, le jugement en surf restera pour toujours polémique. A l'image d'autres sports comme le patinage artistique, la gymnastique artistique, quoique plus codifiés que le surf ? La défaite est souvent bien plus dure à avaler que dans les sports énergétiques où seul le chrono s'exprime froidement. Il faut tout simplement passer la ligne d'arrivée avant les autres. En effet, en surf, on peut toujours avoir le sentiment de l'arnaque quand on a bien fait le boulot. On peut toujours discuter de la note d'une vague en comparaison d'une autre. Et même avec 5 juges bien formés est-ce toujours la « vérité » qui sort sur le papier ?

Tout surfeur compétiteur s'est un jour senti lésé. A tort ou à raison d'ailleurs. Car l'injustice, c'est du ressenti. Et l'envie de réussir, l'entraînement et même le talent ne paient pas toujours. Parfois, certains éléments peuvent attirer l'attention et s'ajouter à vos premières impressions. Les mines crispées des juges, un résultat ou une note qui tarde à arriver, les commentaires de spectateurs amis qui ont vu votre série, les débriefings de parking entre spécialistes du genre ? Mais je ne vais pas  rentrer dans des débats philosophiques sur l'impartialité de chaque juge qui reste un être humain avec ses affinités, ses émotions et qui ne sera jamais une machine dénuée de sentiments. Je ne vais pas m'arrêter non plus sur les notions de vérité, de justice et de ressenti, il me faudrait écrire un bouquin. Et attention de ne pas confondre sentiment d'injustice et mauvaise foi ? Il est en effet primordial de ne pas tomber dans l'attribution causale externe de l'échec. Pour progresser, il est indispensable de se remettre régulièrement en question même si c'est parfois un peu difficile quand on a tout donné.

En surf, ce qui rend complexe l'analyse d'une performance c'est que l'action s'effectue en confrontation et en comparaison avec des adversaires qui sont suivant le tableau et l'avancement plus ou moins bons. Sans parler des vagues qui peuvent selon leurs humeurs venir plus ou moins vite. Mais le sens marin, la lecture du plan d'eau et le feeling sont à intégrer pleinement aux compétences du surfeur. Les remarques suivantes sont à mettre dans la catégorie des bonnes mauvaises excuses ! « Il a eu la bombe et pas moi. » « J'ai attendu elle est pas venue? » Quoi qu'il en soit, dans l'adversité on peut aussi perdre brillamment comme gagner sans briller suivant les circonstances de compétition. Et les scores sont quand même là pour attester de la qualité des prestations de chacun même si ce n'est pas toujours le surfeur le plus méritant qui l'emporte. Vous vous faites coincer dans une série où tout le monde a fait un bon score ou vous gagnez avec un maigre total de 8 points. Mais ça, c'est aussi vrai dans tous les sports.

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 Action Championnats du Morbihan 2009                  Mise à l’eau sur le spot des Moules

Donc pour être sûr de n'en vouloir à personne et si vous avez le goût de l'effort, mettez vous à l'athlétisme ou à la natation, mais c'est peut-être un peu moins fun que de passer son week-end à la plage avec les potes ! Toujours chrono en main, le ski en descente c'est quand même bien plus ludique que de compter les carreaux au fond de la piscine. Dans une autre catégorie d'activités, on peut remarquer qu'en sport collectif c'est aussi tendu : y'avait-il hors-jeu ? Le ballon est-il rentré ?? Mais alors en surf quel bordel. La vague était comme ceci, la man?uvre était comme cela, blablabli, blablabla? Quand  il n'y a pas photo y'a rien à dire, le jugement coule de source. Mais lorsque ça devient serré ça ne se joue plus à grand chose ?

J'ai encore en tête cette série perdue de Miky à J-bay sur l'épreuve World Tour 2009. Le landais domina la série de bout en bout avec un surf backside abouti et en phase avec la vague mais il n'avait pas le statut de son adversaire Champion du Monde 2001. Et quand dans la dernière minute CJ Hobgood sorti une vague bien moyenne, les juges donnèrent le score sans trembler (ou peut-être que si ?) à l'Américain pour de mémoire 0,03? et franchement pas mérité aux yeux de tous après visionnage des ralentis, commentateurs y compris. Même le sourire gêné de CJ au micro d'après heat en disait long sur le profond favoritisme qui recala notre Miky national en WQS. Car malheureusement sa prestation historique backside sur Backdoor lors du Pipe Masters de fin de saison ne suffira pas à le maintenir dans l'élite.

Je me souviens également très bien des doigts tendus bien hauts de Florès père et fils lors des Championnats de France juniors de 2003 chez lui à La Réunion. Le spot de La Digue à St-Pierre était en feu et pétait à 3 bon mètres. Personnellement, mais sans avoir posé les notes une à une sur une page blanche, j'étais plutôt d'accord avec le jugement du jour. Lhaulé et Oyarzabal avaient chargé comme des brutes tandis que Florès, déjà surclassé à l'époque par son talent indéniable, avait davantage joué le jeu des « petites » intermédiaires. Les juges ont payé l'engagement et la réussite sur une des plus grosse vague de cette finale de Romain Lhaulé et Jérémy pris la seconde place. Le divorce fut alors consommé entre le clan Florès et la FFS de l'époque. Mais c'est aussi souvent la frustration de la défaite qui amène la colère chez de nombreux compétiteurs. Que voulez vous dire à un chronomètre ? Rien, par contre à un jugement humain il y aura toujours à redire?

Les critères de jugement  en surf ont évolué bien plus souvent que les dimensions du but de foot et les règles de basket-ball, preuve que le surf se cherche sans cesse et que le matériel comme les riders font évoluer la discipline. La complexité du travail des juges réside dans la mise en relief quasi instantanée de multiples critères non hiérarchisés  pour l'attribution d'une note à chaque vague surfée dans une échelle de 0 à 10.

Le format de compétition a aussi beaucoup évolué. Il y a une petite dizaine d'année sur les épreuves nationales le jugement était rendu souvent sur des heats de 15 minutes et les trois meilleures vagues étaient comptabilisées. La consistance et l'aspect énergétique de la prestation était privilégiée. Aujourd'hui avec 20 ou 25 minutes pour deux vagues, on mise davantage sur le niveau technique de la prestation. On peut dire que le règlement à de ce point de vue évolué dans le bon sens ! Le concept de Air show va à l'extrême sur la meilleure man?uvre exécutée sur des spots aux vagues courtes et creuses de préférence. On s'éloignerait là quelque peu du sens de la vague sur certains spots qui ne se prêtent pas forcément à favoriser un seul move mais plutôt à faire corps avec la vague et respecter son rythme, l'essence même du surf. « Faire la vague » ou « faire un move ». Et on le voit tous les jours dans l'eau, chaque surfeur oriente sa pratique comme il veut. Il y a potentiellement autant de manière de surfer une vague que de surfeurs.

Par contre, en compétition il faut s'adapter sans cesse pour rester dans le coup et se fondre dans le moule. Sans refaire l'histoire, on se souviendra que l'avant-gardiste Slater avec ses planches « galettes » de l'époque était critiqué pour son approche de la vague par ses premiers rivaux de l'époque, Gary Elkerton notamment. Aujourd'hui, un entraîneur de haut-niveau réputé comme Christophe Mulquin (itw web Surf Report) avoue préférer « le GP moto au supercross » alors même que nous baignons en pleine tendance aérienne. Que vaut du bon rail to rail en comparaison de skate moves ? Le dernier Judo air de Jordy ou le Kerrupt de Josh Kerr sont tendance et les spectateurs veulent en voir un maximum. Le rodéo flip de Pat Gudauskas lui vaudra le gain de sa série presque à lui tout seul dans un Teahupo'o inconstant et il n'y a rien à redire sur la prouesse technique. Jordy et les autres top riders savent de toute façon tout faire. Sauf peut-être pas le 10 de Slater à Teahupo'o la semaine dernière ! Le king évolue avec le temps et les critères, il participe même comme d'autres à leur évolution. Dans une sphère déjà plus proche de nous de nombreux « wavewarriors » du WQS misent de plus en plus sur le air reverse qui, personnellement, lorsqu'il est mis à tout bout de vague me lasse parfois. J'aime aussi voir du carving et de grosses gerbes d'eau satellisées ! Tout dépend bien évidemment du niveau d'exécution des man?uvres et des sections de vague sur lesquelles elles sont posées.

Je profite de l'occasion pour envoyer une petite dédicace à tous les juges. Que c'est difficile de rester concentrer des heures durant, d'analyser, d'évaluer, de traduire en chiffre sur une échelle et de trancher. Que les séries sont parfois longues quand les vagues ne sont pas au rendez-vous. Que c'est dur quand vous avez le soleil dans la poire à marée basse et que le spoter peine à distinguer les couleurs et que trois surfeurs partent chacun sur une vague en simultané. Juger est donc un exercice difficile et il suffit de s'y prêter quelques fois pour le savoir. Et il y a des juges meilleurs que d'autres. La FFS les classe d'ailleurs comme les surfeurs à différents échelons. L'expertise d'un juge, c'est de savoir évaluer le niveau de difficulté d'une prestation en fonction de critères qu'il doit parfaitement maîtriser. C'est quoi de la vitesse ? Du linking ? De l'innovation ? De la radicalité ?? Tout est relatif et à mettre en relation, en relief. C'est ce qui rend la tâche bien compliquée.

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  Action Vendée Pro 2009 La Sauzaie                         Concentration- Décontraction pour aborder la série

Il ne me reste qu'à vous donner quelques conseils folkloriques dans le désordre : Mettez le spot en feu à l'échauffement pour faire résonner votre nom dans la tête des juges toute la journée. Surfez le label de boards à la mode car même si la bie ne fait pas le moine ça donnera l'impression que vous êtes dans le coup. Arrivez à votre série en retard ça fait bad boys et mettez tout le monde d'accord d'entrée de jeu sur votre première vague. Surfez à poil comme la Jonkette lors des Championnats de Bretagne 2009.  Proposez leur de la variété c'est long et ils risquent de s'ennuyer, la mode n'est plus au top to bottom et aux essuie-glass de Ricardo Tatui à Biarritz dans 30cm pour la finale du World Tour au début des 90's. Finissez vos vagues dans les cailloux : je me souviens de l'Angloye Thomas Bady le reentrie presque incrusté dans la digue de St-Pierre à La Réunion ! Vous pouvez également claimez une vague qui n'en vaut pas la moitié ! Non je rigole, faites juste rêver les juges ou misez tout sur le freesurf vous ne serez jamais déçu !!!

Le Soul Surfing, la Rastomachado attitude n'est-elle pas la voie à suivre pour prendre le maximum de plaisir et être toujours satisfait. Et entre jouissance sensationnelle et production de la performance le choix paraît pourtant vite fait. Que penser de Dane Reynolds qui affirme se foutre royalement des compétitions tout en y participant sans obligations de ses sponsors avec une certaine assuidité. Quelle motivation l'anime ? Intox de la part de l'intéressé ou manière de dédramatiser ses résultats irréguliers ? Son dernier interview dans le Beachbrother annual n'y répond pas vraiment, preuve que la relation à la compétition n'est jamais simple.

Pourvu que le plaisir soit intact !

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